et la police ????????

09 avril 2010 (Le Monde)
Impudence

Y en a marre! Oui, le propos est commun, trivial et même vulgaire. Adorer l’imparfait du subjonctif et connaître les mots de la vie courante, aussi brutaux soient-ils, n’est pas incompatible. On peut aussi faire mieux en recourant à ces mots dont on n’écrit que les deux ou trois premières lettres suivies de points de suspension. Genre « Font ch… ».
Oui, y en a marre de ces policiers qui croient que la France et ses habitants, français ou pas, sont de la chair à garde à vue et qu’il n’appartient qu’à eux de la décider selon leur bon plaisir ou l’inspiration du moment.

Le 26 mars dernier, une élève du lycée Antonin Artaud, dans le 13e arrondissement de Marseille, se plaint auprès de sa mère par téléphone d’avoir été insultée par trois de ses condisciples. Heureux hasard, cette mère est commandant de police dans la localité limitrophe de Plan-de-Cuques. Limitrophe, c’est à dire – première bizarrerie - sans aucune compétence territoriale sur la ville de Marseille.

Une demi-heure plus tard, sur le coup de 10 heures 30, de trois voitures de police déboule au lycée une douzaine de policiers qui en repartent avec les trois délinquants (présumés?) élèves de 1ère, menottés, on s’en doute. Direction un commissariat, à Plan-de-Cuques puis à Marseille, où sont relevées les empreintes digitales et prélevés les éléments corporels qui permettront d’établir et de ficher l’ADN des intéressés. Histoire de les stigmatiser pour la vie. Après fouilles et interrogatoires répétés avec la délicatesse que l’on devine, ces dangers publics retrouvent la liberté aux environs de 18 heures. Sur la Toile, journaux et particuliers confondus, l’épisode fait un tabac, un buzz, dit-on plus souvent.

Combien de temps va durer un système qui, de proche en proche, fait d’une démocratie un Etat policier? Le mot est trop fort? Non! Avec près de neuf cent mille gardes à vue en 2009, dans des conditions que la Cour européenne des droits de l’homme et quelques juridictions nationales ont censurées, le qualificatif est mérité. Du haut de son poste de professeur au Collège de France, Mme Mireille Delmas-Marty ne dit pas autre chose en conclusion de l’entretien paru dans Le Monde du 6 avril.

Déjà, dans ses éditions du 17 février , Le Monde, précurseur, avait publié une pleine page relatant les mésaventures de gens anodins, coupables – ou pas – de bévues minuscules qui, non seulement subissaient une garde à vue, mais se voyaient condamnés sans être réellement entendus. Les universités enseignent que la justice contrôle la police. C’est ce qu’affirment les codes. Fichaise! C’est le contraire. Pour ces gens de robe, la parole policière vaut vérité (judiciaire). C’est bien connu, les faux témoignages de policiers n’existent que dans l’imagination des tarés qui osent le prétendre1.

Voyez plutôt la réaction pincée du procureur de la République de Marseille qui déclare qu’il se prononcera « selon la réalité des griefs ». Il ne va pas se mettre mal avec un commandant de police pour trois garnements qui ont insulté la fille d’icelle. S’il allait ne plus être invité aux dîners du préfet de police de Marseille, si recherchés?

Qu’importe alors l’impudence de cette dame qui, la chronologie en témoigne, n’a pas hésité à mettre la force publique en mouvement pour régler, sans même être territorialement compétente, répétons-le, une querelle de cour de récréation ou quasiment, parce que sa fille y était mêlée. Le ministre de l’intérieur, si prompt à faire valoir la nécessité de la discipline, va-t-il laisser passer un exemple aussi extravagant d’usage privé de fonctions officielles?

Pour un fonctionnaire, il existe deux catégories de comportements répréhensibles: la faute de service et la faute personnelle. Est personnelle, dit le Conseil d’Etat, la faute « dépourvue de tout lien avec le service » ou « insusceptible de [s’y] rattacher ». Si cette dame commandant de police, n’a pas commis une telle faute personnelle, c’est qu’elle ne saurait exister pour un policier. Autrement dit que tout lui est permis.

P.-S. Chacun aura pu observer le silence du parti socialiste à ce sujet. Une fois de plus.

1. De louables exceptions ne sont que des… exceptions. Le mercredi 7 avril , la cour d’appel de Caen a relaxé un enseignant militant de l’accueil aux immigrés, condamné en première instance à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir, selon l’accusation, frappé un policier lors d’une visite de Nicolas Sarkozy à Saint-Lô le 12 janvier 2009. Devant la cour, le parquet général avait demandé confirmation de la peine…
A noter aussi, dans l’actualité immédiate, l’annulation partielle par la cour de Versailles du non-lieu prononcé le 26 octobre 2009 au profit de policiers après la mort de deux adolescents en 2007 à Villiers-le-Bel; un non-lieu conforme aux réquisitions du parquet.

c'est pas ça qu'on appelle aussi tolérance zéro? perso je ne suis pas contre. si ça se passait plus souvent ils hesiteraient plus à faire chier le monde ou insulter.
tiens au fait ce jeune de 23 tabassé presque à mort à Grenoble, et qui gardera à vie des séquelles neurologiques, a d'abord été insulté...pour une cigarette non donnée!
l'insulte est la 1ere des agressions. à partir de quel moment estime t on normal que la police fasse son boulot?
ok, là c'était limite excessif mais l'insulte de ces merdeux ne l'était elle pas aussi?

j'ai hate de savoir le prenom du mec qui a planté ce géographe... les paris sont ouverts...

"nouvelles arrestations portent à sept le nombre de gardés à vue, cinq
mineurs et deux majeurs, dans cette affaire, deux autres suspects
interpellés lundi et mardi ayant
été remis en liberté.OAS_AD('Position1');
cachePubVide('pubCarreEdit');L'auteur des coups de couteau, un jeune adulte
connu des services de police pour violences, qui a été identifié sur la
base "d'éléments techniques et de témoignages", est toujours "recherché
par les services de police", a précisé le chef de la sûreté
départementale, Jean-Claude Dunand.Deux autres personnes sont
également recherchées.Vendredi soir, Martin, un jeune géographe
de 23 ans, a été insulté, battu et poignardé par un groupe d'une
quinzaine de jeunes dans le centre de Grenoble..." infos du 13.04